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Mon ami Mathieu a écrit une très belle critique sur le resto La Salle à Manger! Merci Mathieu!
* dring dring* (le téléphone
sonne)
- La salle à manger bonjour !
- Oui bonjour, je voudrais faire une réservation pour mardi prochain
20h.
- Pas de problème. Votre nom ?
- Mathieu Trépanier
- Comment ?
- Tré-pa-nier.
- Pardon, mais vous ne sonniez pas comme un Trépanier. Ha ha.
- Ha bon ?
Tu vois, ami lecteur, ami gastronome,
j’ai le sens de l’humour donc c’est cool. Je me dis qu’ils doivent peut-être,
en plus d’être fins cuistots, jouir aussi par le verbe ce qui –tu en
conviendras, oui toi Ô complice concupiscent– n’est pas incompatible. Après
tout, tout cela vient de la Bouche et qui n’a pas de tendresse particulière
pour les plaisirs buccaux ?
Donc. Mardi 20h. Il fait -1000. Nous
marchons au pas de course pour échapper à la morsure du froid. Nous arrivons en
avance. Dans les circonstances, le restaurant est pratiquement vide, il était
probablement inutile de réserver.
-
Bonjour,
nous avons une réservation pour 20h.
-
Oui.
Stéphanie c’est ça ?
-
Non...
Mathieu.
-
Si vous
voulez bien me suivre.
Là, j’avoue que je commence à me
demander si je n’ai pas atterri par hasard dans une pièce de Ionesco. Ce n’est
pas désagréable, la Dame de la maison et moi nous en amusons. Innovation niveau
service ou manifestation d’humour bobo, comment savoir ? N’habitant plus sur le
Plateau-Mont-Royal je ne suis pas très au courant du zeitgeist. Mais bon, je
digresse.
Une fois assis nous regardons
enfin les lieux. L’endroit est avenant et baigne dans une belle lumière à
laquelle la noblesse discrète du bois pâle du mobilier qui parsème la salle
ajoute une légère teinte cuivrée, mais pas trop. Les yeux sont ravis. Ne pas
trop en faire, voilà le Vietnam de notre époque point de vue déco de resto.
Mais bon, c’est un autre débat. De grands tableaux noirs sont installés sur les
murs où le menu du jour est inscrit à la craie. Des mots comme « Râbles de
lapin » ou « Surf & Turf » y sont écrit. La Dame de la
maison frissonne à l’idée de manger surf & turf. Elle insiste, se tord sur
sa chaise, dénude son épaule et miaule. Je cède immédiatement. La salle à
manger porte bien son nom. Les lieux évoquent la proximité et la convivialité
d’un petit restaurant de quartier, tout en faisant montre d’une touche de
raffinement subtil. Il y a un je-ne-sais-quoi de dépouillé dans le décor.
J’aime assez.
Avant d’attaquer le gros œuvre,
nous optons pour la douzaine d’huitres en entrée. La chose est joliment
présentée sur une planche de bois avec en accompagnement une mignonette de
vinaigre de vin aux échalotes, du citron et une sauce épicée style tabasco (je
n’ai jamais compris l’intérêt du tabasco avec les huitres. Si vous tenez à tout
prix à en masquer totalement le goût, mangez autre chose). Les bestioles sont
charnues et goutées. Nous nous vautrons dedans sans ménagement.
Nous demandons à notre serveur (un
cousin de là-bas, aimable et très présent) de nous conseiller niveau vin. Il a,
paraît-il, un « super vin », naturel, bio, venant de vignes poussant
sur les flancs de l’Etna, cultivé par un Hollandais fou. Sur le coup, son
argumentaire est très efficace. Nous nous laissons convaincre. Faute grave. Le
vin, un « Contadino 8 » 2010 est un espèce de machin étrange à saveur
de fraise des bois et de rhubarbe. La couleur imprécise tire entre le blanc et
le rouge et ça picote dur en bouche comme un vin trop jeune. « Normal,
c’est pour compenser l’absence de truc
machin » nous dit le serveur en détournant un peu le regard. Il
ajoute : « les autres années il n’était vraiment pas bon, mais là ça
va ». Avec le recul, je me dis que tous les signes étaient réunis pour
refuser ce vin et en commander un autre. Par faiblesse et bêtise personnelle,
la Dame de la maison et moi décidons d’affronter tout de même cette vinasse qui
restera le GROS bémol de la soirée (note à moi-même : tu es grand
maintenant, tu peux choisir tes vins tout seul).
Le plat principal, un surf &
turf pour deux est apporté dans une grande assiette de service. Un second
serveur (ou un cuistot, je ne sais pas) dresse nos assiettes à notre table, un
peu à la russe, ce qui est assez rare
à Montréal. Le plat est composé d’une merveille de pétoncle grillé (charnu,
gouteux, émouvant), d’un filet de porc braisé honnête mais vague (on l’oublie
après l’avoir mangé), d’un tartare de poisson honnêtement réalisé mais sans
saveur et d’un chili servi avec nachos au cheddar. Les nachos baignant dans la
sauce étaient ramollis et le chili manquait sérieusement de couilles. Tout ça
est même un peu bourratif et mou du genou.
Dessert ou pas dessert ? Pas dessert.
La maison nous offre quand même un morceau de quatre-quarts. Gentille
attention.
Que retenir ? Que l’endroit est
chouette, beau, agréable. Le service y est impeccable, décontracté et souriant.
Pour le reste je ne sais pas quoi en penser. En rédigeant cette chronique, j’ai
fait le tour de la toile pour voir un peu les autres propositions de la Salle à
manger. Le surf & turf que nous avons mangé était oubliable et semblait
bien terne face aux plats appétissants pris en photos par les autres blogueurs.
200$ plus tard je me dis avec amertume qu’on aurait dû aller au Leméac ou dans
un de ces restos fascinants comme le Bouillon Bilk. J’ai l’impression d’une
fausse note. Malgré tout je retournerais certainement à la Salle à manger car
j’ai l’impression d’être passé à côté du vrai truc, c’est-à-dire un restaurant
qui vaut vraiment plus que ça.
Bouffe: 6
Service: 9
Bouffe: 6
Service: 9
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